Histoires de la Horde

Bois-Caïman

Déjanire avait l’air plus qu’enjoué comme sous l’emprise d’une substance euphorique. Peut-être avait-il testé sur lui-même l’un de ses cocktails secrets. Alvinia ne doutait pas une seconde que ce talentueux empoisonneur et génie de la Chimie devait être le premier consommateur de la plupart de ses trouvailles non létales.

-« Que vous arrive t-il Dorian, voila des années que je ne vous ai pas vu aussi…rayonnant ? Est-ce l’état de la flotte ou de nos finances qui vous met dans cet état ? »

Il releva et répondit non sans un certain humour :

-« Il n’est point difficile, Madame, d’être en meilleure santé et avoir meilleur moral que votre flotte ou vos comptes en banque. Mais oui, je suis assez satisfait pour vous répondre précisément. J’ai de bonnes nouvelles pour vous ! »

Ils avaient passé l’été à réparer les vaisseaux de la flotte, les améliorer. Certains avaient grandement souffert lors de la dernière exploration. Les 67.000 Al avaient endommagé la flotte et l’Orichalque se remettait à peine de l’accident qui avait failli le détruire. La Horde était pourtant toujours belle et bien là, certains Atlantes avaient suivi d’autres chemins, mais beaucoup d’autres venaient grossir leurs rangs. Les dernières découvertes Thargoids avaient eut un effet étonnant sur de nombreux pilotes avides de réponses. La Horde en avait peu à offrir, mais les pistes menant à la vérité se faisaient de plus en plus précises. La Horde se portait bien..en dehors du fait qu’elle était au bord de la ruine. Le matériel pour MediCorp et le coût des réparations des vaisseaux les avaient mis sur la paille. Ils allaient urgemment devoir trouver de quoi renflouer les caisses mais sans mécènes ou autre « organisation de l’Ombre », les moyens restant à disposition se bornaient à pirater quelques marchands bien gras. Un ordre en ce sens serait très prochainement donné aux Atlantes, la vie de la Horde en dépendait. Pourtant, ce n’était évidemment pas de cela que voulait parler Dorian Déjanire qui semblait sautiller sur place, excité comme un enfant un matin de Noël.

-« Crachez votre venin Déjanire, je n’y tiens plus » murmura Alvinia avec une certaine provocation malicieuse.

-« Je suis sur le point de finaliser une étape importante pour Déméter »

-« C’est une bonne nouvelle, je vous félicite, Démeter est un projet complexe et j’étais certaine que vous seriez l’Homme de la situation. »

-« Merci. Mais vous devez savoir que si la formule est maintenant théoriquement viable, je dois passer à la phase finale de mes expérimentations et j’aurais besoin, pour cela, de quelques bricoles. »

Il lui tendit un data affichant une liste de commodités à trouver. Celles-là ne seraient pas simples à obtenir. Il lui fallait des données de Recherches scientifiques et des cellules souches particulières, entre-autres.

-« Dorian, comment diable voulez-vous que nous trouvions ces choses là ? Je suppose que si c’était disponible sur un marché vous ne seriez pas là à me tendre votre liste de courses ».

-« L’oeuvre est grande et ces « choses » ne sont qu’un détail ! Je suis certain qu’un marchant ou un vaisseau médical possède ce genre de choses ou bien encore…. »

Elle le fit taire.

-« Un vaisseau médical ? »

-« Très certainement, très certainement. »

Alvinia se retourna et afficha sur son bureau l’un des rapports de la flotte qui datait de plusieurs semaines. Elle n’y avait prêté que peu d’intérêt, mais en cet instant, il allait refaire surface. Le rapport émanait d’un des vaisseaux pirates de la Horde nouvellement arrivé. Un vaisseau portant le nom de Bois-Caïman avait rencontré un convoi lors d’une dispersion de menace 2 non loin de là. Le Python était un transporteur médical dont la soute regorgeait de matériel intéressant pour MediCorp. Il n’avait pas été possible d’intercepter le python puisque ce dernier était escorté par quatre Vulture lourdement armés contre lesquels Bois-Caïman, un simple Cobra Mk IV n’aurait pas tenu plus d’une poignée de secondes. Le pilote, un pirate féroce refusant toutes formes d’autorité, avait cependant eu le temps de scanner la soute : 7 nacelles d’évacuation, des cellules souches et des données de recherches…

-« Vous voyez….c’est très simple ! »

Elle avait parlé tout haut. L’air amusé du petit bonhomme la fit presque rire. Il n’avait aucune conscience de la difficulté de la mission, aucune….

-« Je verrais ce que je peux faire, Dorian. Autre chose ? »

-« Oui. Mais je préférerai revenir vous voir quand je serais certain de ce que j’ai à vous dire, et comment me procurer ce dont j’ai besoin ».

-« Ma porte vous est toujours ouverte, Dorian. »

Sur ces paroles, il tourna les talons comprenant qu’elle venait de mettre fin à leur entrevue et la laissa à sa relecture du rapport de « Bois-Caïman ». La mission ne serait pas simple. Trouver un tel convoi, s’occuper de l’escorte de Vulture et siphonner les soutes d’un Python..Peu de pilotes étaient capables de cet exploit. Pourtant elle en connaissait, mais leurs noms avaient presque disparu de sa mémoire. Ils n’étaient peut-être même plus de ce monde….Il faudrait essayer de se passer d’eux, si la chose était possible…..

 


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