LES MAINS VERTES

03 novembre 3304, 

Lieu secret

Thomas Johnson était botaniste, ancien montagnard émérite ayant classifié nombre de plantes rares en ayant gravis les plus hauts sommets que rien ne destinait à cette aventure. Il était né, quarante-neuf ans plus tôt sur une planète aux vastes étendues verdoyantes qu’il avait quitté à son grand regret pour servir sous le drapeau.

Cela remontait à une éternité et les choses qu’il avait vécues au cours de la première partie de sa vie auraient rempli à elles seules de nombreuses pages de romans.

Mais le destin lui avait joué un tour, le faisant croiser cette étonnante femme au charisme rayonnant et au regard qui le faisait succomber. Il avait rencontré celle qui dirigeait cette drôle flotte nomade informe, à bord de la station Sister’s Refuge où ses talents d’apothicaire faisaient des merveilles et des envieux.

Un choc,

Cette rencontre avait été un choc qui avait radicalement changé sa vie.

Assis devant sa paillasse, préparant des baumes cicatrisant pour les engelures des ingénieurs et ouvriers travaillant d’arrache-pied sur l’outpost désolé, il ne regrettait rien. Ni les monts enneigés qu’il affectionnait tant, ni même les vastes valons où stagnait le brouillard bravant vaillamment un soleil timide incapable de mater la brume des matinées d’hiver. Bien que ses escapades au milieu de la nature vierge le taraudassent par moment, il lui semblait être enfin en harmonie, dans le lieu exact où il devait se trouver. Là, assis dans cette pièce nichée dans les tréfonds de l’outpost rouillé et suintant la graisse tout autant que l’humidité, était sa juste place.

Thomas Johnson accomplissait l’impossible, jonglant habilement entre le métier de soigneur et celui de botaniste tenant de créer l’impossible : aménager au cœur du complexe une serre dans laquelle pousserait bientôt plantes & légumes dont les vertus panseraient les plaies et remplieraient l’estomac.

Comme tous ceux qui se trouvaient en ce lieu, dévoués à leur tâche, experts dans leur domaine, il se sentait investi d’une mission quasi mystique, orchestrée par celle qu’il ne pouvait chasser de ses pensées nocturnes.

Thomas était une pièce du puzzle, aussi importante que toutes les autres. Il le savait et ce sentiment l’emplissait de bonheur. De ces murs crasseux et poisseux, ils faisaient un havre unique en son genre.



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