Revenir d’Ex Cancri

Préparatifs

30 Août 3305 : De retour d’une longue mission de minage, je me décide à me lancer dans la mission qu’Alvinia avait prévu pour LeChila. J’ai eu beau le chercher partout, je ne l’ai pas trouvé, et ce depuis des mois. Peut-être est-il parti à bord du Styx après tout, comme il était censé le faire(1). Peut-être est-il dans sa capsule de sauvetage, errant entre Decision Point et AH Cancri. Je décide de le rejoindre, je m’y suis préparé. Non pas pour finir mes jours dans une nacelle, et j’ai profité des techno gardiennes pour trafiquer un peu la mienne, mais pour revenir dans la bulle avec la preuve qu’on peut traverser l’espace autrement, à l’ancienne diront certains. C’est un challenge, mais il est temps. Plus j’attends, plus ce sera facile, on annonce déjà l’arrivée de grands vaisseaux capables d’aller aussi loin que les mega-ship, de sauter comme les vaisseaux amiraux des flottes impériales et fédérales. Le Putatif, mon anaconda, fera le voyage comme tous les vaisseaux des pilotes indépendants, au fuel à hydrogène. J’avais eu un mug en allant à Hutton Orbital. Si je reviens, j’aurai droit à un tonneau, une barrique ou plus gros ! Allez, du repos, quelques derniers préparatifs et on saute, dans le vide.

31 Août 3305 : Le Putatif, bien qu’épuré de la plupart de ses équipements, est un bon vaisseau. Hélas, les multiples modifications apportées à ses systèmes l’ont rendu capricieux, et j’ai passé tout le voyage vers Outotch SA-U d4-0, que l’on appelle Decision Point, à faire de l’astrogation manuelle. Il est vrai que cet Anaconda, qui ressemble plus à un tanker de fuel stellaire que n’importe quoi d’autre, a de quoi perturber les logiciels planplans de Remlok et de Core Dynamics. 3h de vol, mais une belle cuite avant, pour fêter mon accession au rang d’Elite de commerce de la veille. Avant de partir, j’ai tenté d’avoir des nouvelles de LeChila. A ce qu’il parait, il serait parti pour Ex Cancri(2), comme lui avait demandé Alvinia. Et comme prévu, il n’a plus donné signe de vie. Une des modifications apportées au Putatif, ou plutôt à ma capsule de sauvetage, c’est un automatisme Achilles pour accrocher une autre nacelle et partager l’énergie. Ainsi, si je le retrouve, avec beaucoup de chance, je le ramènerai à la maison. Et si nous nous perdons tous les 2, quelqu’un passera par-là d’ici 100 à 2000 ans ! Pas de défaitisme, je vais réussir. Et au pire, j’ai calculé mon coup, je ne doute pas qu’un des fleet carrier, qui arriveront bientôt, sautera pas loin et pourra me récupérer. Blague à part, je mets le vaisseau en sommeil près de cette étoile à neutrons, en espérant qu’elle ne sursaute pas trop. Demain, ce sera le saut, le vrai, l’ultime ?

AH Cancri, la piégeuse…

Nous y voilà, j’ai effectué le saut, plus moyen de revenir avec l’ordinateur de calcul de saut. Faisons un tour jusqu’à Ex Cancri, ce n’est pas loin est accessible, et revenons à AH Cancri pour tenter le retour.

Toujours le 31 Aout, j’ai réactivé le vaisseau pour tourner autour des soleils du secteur afin de charger les réservoirs. Après une heure de charge, le vaisseau est prêt, et l’horloge du bord accompagnera mes prochains jours de vol. Par précaution, je calcule une route de « secours » vers le cluster M67.

1 Sept 3305 : J’ai pointé le Putatif en direction de Decision Point, soit à l’opposé de ma route calculée : distance à parcourir 219 al. Saut impossible. Parfait, c’est ce que je voulais.. Tout plein fait. C’est le départ. Tous les systèmes non essentiels éteints. Il ne reste plus qu’à voyager longtemps. Le mode Supercruise engagé, ma vitesse, de quelques c au départ, croit lentement mais sûrement, jusqu’à atteindre 2001c, le maximum que peut atteindre un moteur en SuperCruise.

1 Sept 3305 : 24h, il aura fallu 24 heures pour que les premières pannes apparaissent. J’ai donc coupé les moteurs, et procédé à une révision en règle. Ces saletés d’injecteur sont bien visibles, vu que tous les systèmes de redondance, les plaques, les protections thermiques internes ne sont plus présentes, après tout, il fallait faire un vaisseau léger, et c’est plus léger quand il n’y a plus rien. En revanche un Anaconda c’est grand, très grand, et pour aller chercher les outils nécessaires à recalibrer ces foutus injecteurs, il en faut du temps. Bref, un peu de sommeil, un peu de nourriture déshydratée, et il est temps de repartir. J’en ai profité pour réactiver les capteurs aussi. Un doux espoir de trouver, ou justement l’envie de ne pas trouver, un signal de vaisseau en perdition. Peut-être que LeChila est quelque part, devant moi… Mais personne, les capteurs sont muets. Plus que 214 AL…

3 Sept 3305 : Le vol se passe, du mieux qu’on peut. Les injecteurs me donnent du fil à retordre, j’ai du recommencer cette maintenance au bout de 10h de vol. Et ça a duré autant pour tout remettre. J4avais prévu 300h de vol, il me semble que je suis là pour plus longtemps. L’espace est noir, très noir, entre 2 étoiles. Je me sens bizarrement seul, alors que l’humanité me fait face à quoi ? 1800 AL ? Je suis allé au Zurara, j’irai bientôt à Sagittarius, et pourquoi pas à Beagle Point, et pourtant, là, planté entre 2 soleils éloignés de 200 AL l’un de l’autre, je me sens isolé, en danger, alors que rien, si ce n’est quelques molécules de gaz, n’est présent aux alentours. Personne, même pas LeChila, j’espère qu’il a réussi et qu’il cuve sa victoire depuis des mois dans un bouge quelconque de la galaxie. Je lui souhaite. Car errer dans une nacelle de survie dans ce vide, j’ose à peine y penser. Mais bon, pas de défaitisme ! Si je ne retrouve pas LeChila, j’ai bon espoir de retrouver mes amis à Kalak, alors du courage, et de la patience. Le vaisseau fait tout le travail, j’ai juste à appuyer sur un bouton, au bon moment.

Le voyage s’éternise, alternant vol de quelques heures et entretien des injecteurs. La vie à bord se règle sur ces 2 actions, et pendant les heures de vol, le pilote dort ou pense. Et si ça ne marchait pas ? Et si, malgré les tests et les calculs, quelque chose ne collait pas ? L’angoisse d’avoir raté quelque chose s’ajoutait à celle de finir dans l’espace profond. Les premiers voyages spatiaux rendaient fous les astronautes, il paraît, ça fait 200h de vol et 15 jours de solitude, et déjà, la folie me guette. J’envoie un message à Kalak, si des pilotes de la Horde veulent m’accueillir pour mon retour dans l’espace « normal » ce sera dans 90h. Date prévue pour le grand retour : 19 septembre 3305

19 septembre 3305 : 286h de vol en supercruise, 15 jours de ligne droite entrecoupée d’arrêt de maintenance. C’est l’heure de voir si le retour est possible. Mon scanner me pointe Outotch SA-U d4-0 à 147 al de ma position, je suis à 72.6 al de l’étoile AH Cancri. Avec un peu de décalage, je reçois des informations, les atlantes sont de l’autre côté, à 147 al de moi. J’arrive les amis !

Sans retour

Je réactive tous les systèmes, j’injecte des matériaux précieux dans le moteur FSD, ma portée passe à 149 al, soit 2 de plus que la distance qui me sépare de Decision Point, j’enclenche le FSD. – Exécution programme calcul de saut – Checkl1st des sytrmes – Val1ertion de rtg- !: — SURCHARGE – Mise en sécurité — … Rien ! Ce !#*% d’astrogateur ne veut pas déclencher. Evidemment, il passe un sale quart d’heure ! Je défonce le tableau de bord principal, certain que, à défaut d’arranger les choses, je vais pouvoir de calmer. Un truc cloche ! Vite, et sans panique, trouver quoi. L’ordinateur de bord est perdu dans des calculs astronomiques, il ne sait plus où il se trouve dans la galaxie, j’aimerai tant lui expliquer. Je retente, je recalcule la route, mais l’ordinateur est aussi buté qu’un âne de Procyon. Je perds patience et espoir, après tout, le retour vers la civilisation n’est peut-être pas possible… Je repère dans les diagnostics des erreurs critiques, l’ordinateur ne fait plus le lien entre la cartographie galactique et l’astrogation. Les 3 derniers vols sont enregistrés, et je ne peux plus aller que dans un de ces 3 systèmes, et ils ne font pas partie de ma destination souhaitée !

21h41 : je renvoie les Atlantes, je ne pourrai pas faire mon saut, je les avertis que je vais aller en direction d’Elysium Rest, sur la troisième lune de la première planète de HD 76133(4), au pire, je ne doute pas qu’un vaisseau passera par-là dans les mois à venir, vu que la fédération des pilotes va autoriser les pilotes indépendants à avoir des fleet carrier, qui auront la capacité de saut pour entrer et sortir du cluster M67. Je leur transmets une série de codes pour autoriser Mark Stevensson, mon protégé, à jouir de mes actifs pendant mon absence. Je transfère aussi une partie de ma fortune à Medicorp pour les frais de construction du fleet carrier. Quel nom va-t-il avoir déjà ? Je n’en ai plus le souvenir…  Je coupe les systèmes, pour réfléchir à tout ça, et pour m’imaginer la Horde, si loin, et pourtant si près, repartir vers Kalak, pendant que je reste ici, à l’abandon.

 

 

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