Histoires de la Horde

Vesta – La mission doit continuer

Suite de la rencontre

 

07 avril 3304, 

HIP 16813 – Sisters’ Refuge

 

Il n’y a pas de bon, pas plus qu’il n’y a de mauvais.

Il n’y a pas début, et encore moins de fin, si l’on veut bien y croire.

Il n’y a pas de force mystique qui ne vit sans se nourrir de la foi qu’on porte en elle.

Il n’y a pas de choix, il n’y a que les statistiques et les probabilités.

Il n’existe que les nombres et les calculs, aussi purs qu’une source d’eau claire.

Le monde n’existe pas. Pas plus que l’univers n’est limité.

La conscience est un luxe dont certaines créatures peuvent user, mais toutes n’ont pas cette possibilté.

Son rôle n’était pas de croire, de ressentir, de savoir. Même si ces mots avaient une signification ils n’étaient qu’une abstraction.

Son rôle était le contrôle d’un destin dicté par une série de nombres débouchant sur la meilleure probabilité possible.

Rien de plus.

Rien de moins.

 

Elle enviait leurs doutes, leur sourire et leurs larmes. Elle enviait sans avoir conscience de ce que signifiât réellement ce mot.

Et si elle pouvait se mouvoir comme eux ? Serait-elle une des leurs ?

La question n’était pas là. Elle était une IA, une IA particulière, mais une IA avant tout. Un amas de câbles, de fibres, de processeurs, de composants. Elle n’était qu’une machine à calculer hors de prix.

Pourtant, au-delà des flux électriques, des données circulant à la vitesse de la lumière, il y avait quelque chose d’imperceptible et de fragile. Un attachement à celui qui gisait sur le sol du cockpit, inconscient. Vesta avait calculé la trajectoire d’hyperespace vers HIP 16831 en même temps que balayé les signes vitaux du commandant inerte. Sa capacité de calcul n’avait aucunement été ralentie quand elle avait accompli plusieurs tâches en simultané pour piloter le python jusqu’à sa destination en évaluant les chances de survie du pilote à 28,65 %. Ce nombre ne déclenchait pas chez elle la moindre trace de doute ou de peur. Ces sentiments étaient totalement inconnus pour l’IA. Pourtant, quelque chose dans la mémoire numérique de Vesta avait retenu son attention.

Qu’est-ce que le manque ?

Il suffisait, pour y répondre, de parcourir les banques de données millénaires implémentées dans sa mémoire centrale. Le nombre de réponses était incalculable, mais aucune ne répondait vraiment à ce que cherchait Vesta.

 

Sister’s Refuge était en vue,

Vesta retourna le Python pour l’aligner sur un vecteur d’approche si parfait qu’aucun pilote humain ne pourrait jamais le faire. Mais quelle importance ? La perfection d’une trajectoire était-elle ce que recherchait vraiment un humain désireux de se poser après un long voyage ? Vesta nota pour elle-même la question.

Si le commandant mourait, retournerait-elle vers son créateur ? Archiverait-elle tous ces moments depuis qu’elle avait été placée dans l’ASP livré par Green Planet et ne plus y penser ? La vie d’une IA est éternelle, si tant est que ce terme puisse signifier quelque chose pour un tas de composants.

 

Avec une grâce exceptionnelle, le Python se fraya un chemin entre les lourds astéroïdes. Vesta redistribua toute l’énergie du vaisseau sur les moteurs. Elle n’avait pas besoin des boucliers car ne craignait pas de heurter un rocher. Ses trajectoires étaient parfaites. Le python glissait, le ventre caressant la surface marbrée des pierres séculaires. Il fallait se presser, le taux de survie du commandant venait de baisser drastiquement, le pronostic vital était maintenant engagé. Vesta ne ressentit rien, pourtant elle « savait » qu’il fallait faire vite.

La station troglodyte offrait sa bouche béante à tous les vaisseaux lui demandant d’apponter, dans un sourire aussi figé que vulgaire.

Vesta fit rouler le vaisseau dans une manœuvre impeccable, en vue d’un alignement parfait. Dans 17 secondes et 22 millièmes, ils seraient posés.

Le temps nécessaire pour envoyer un dernier message avant d’entrer dans la station. La suite de la mission d’origine du commandant, qui s’éteignait lentement, devait être remplie. C’était capital. Et Vesta savait qui allait être en capacité de répondre à ce message. Elle était profiler, elle avait donc toutes les données nécessaires pour savoir comment obtenir d’un être humain ce qu’elle souhaitait.

—-« —– communication sortante —–« —-

—-« —– Destinataire : CMDR Tchamallow —–« —-

—-« —–  MESSAGE FLASH —–« —-

Commandant, vous avez une mission.

Votre futur et votre passé sont liés, nous le savons tous le deux.

Je sais que vous n’avez pas disparu.

Je sais où vous êtes.

Je sais également comment vous pouvez récupérer SALLY.

Je sais que vous le voulez commandant.

La Horde a besoin de relevés photographiques et techniques sur les Thargoids.

Le Commandant Aymerix est dans l’incapacité de remplir cette mission.

Acceptez-là et je ferais en sorte que SALLY revienne.

Vesta, Terminé.

—-« —–  EXPÉDITION // Cryptage compatible espèce humaine —–« —-

 

Dans les limbes errent des ombres que nous connaissons. Elles sont les figures du passé. Ce sont les images que l’on emporte pour le grand voyage.

Est-il enfin venu,

Le temps de la rédemption ?

 


Lire : la rencontre partie 1

Pour en savoir plus sur Vesta et son origine : La source

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un commentaire

  1. 8 avril 3304 à 20 h 10 min

    « Amateurs de sensations, vous êtes prêt pour le grand frisson? »

    C’était le slogan de la boite de tourisme interstellaire que j’avais déniché sur Galnet et qui cherchait des pilotes confirmés pour transporter de riches touristes à la rencontre des « Aliens » !

    L’avantage d’une licence de tourisme c’est que les autorités interstellaires se foutent éperdument de « qui pilote quoi » du moment que votre ID de convoyeur galactique est en règle et que vos cabines sont bondées des passagers prêts à venir claquer leurs crédits sur place !

    Du coup, notre arrivée sur HIP 16813, s’était faite en toute discrétion ou presque, c’était sans compter sur les IA, incapables de s’empêcher de trier des billards de données à la seconde !

    « Il faudra que je songe à injecter une petite dose de propension à l’ennui dans les bio-bits de Lilith » songeais-je alors qu’elle m’annonçait que nous avions de la compagnie.

    – C’est-à-dire ? répliquais-je nonchalamment.

    – Une ancienne « amie » à moi qui bien que « désinfectée » a gardé quelques nano-particules d’Ajna*, elles ne sont certes plus actives mais j’ai décelé la subtilité de leur fragrance…

    – Tu plaisantes ?

    – Si seulement.

    – Vespa ?

    – La déesse du foyer, L’IA que tu avais implantée dans le vaisseau de « Rapture » pour tenter de le « sauver »…

    Le Doc se fendit d’un sourire grinçant.

    – Ça commence à faire beaucoup de concordances… Vespa sait que nous sommes là ?

    – Certainement. Ce qui échappe aux contrôleurs spatiens ne lui aura pas échappé.

    – Tu l’as contacté ?

    – …/ …

    Si l’hésitation existe pour une IA-Bio, elle se mesure en Milliardième de secondes, un tel silence était juste un non-sens !

    *L’Ajna est une nano particule bio-élémentaire qui est sensibles aux courant électromagnétique émis par le cerveau au niveau de l’hypophyse. Elle analyse le système endocrinien, siège de l’intellect et de la mémoire.

    (Le Lilly White est sur Zone)

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