Projet Déméter
Rentrer n’avait pas été simple. Les Vipers avaient tenté de suivre le Dropship jusqu’à la flotte, qui aurait pu leur en vouloir ? Bien entendu, ils avaient pris toutes les précautions pour le faire le plus discrètement possibles. Malgré tout, ils avaient échoué. S’ils étaient incontestablement d’excellents pilotes, ils étaient aussi incroyablement prévisibles. Leur conditionnement, leurs entraînements en faisaient des armes redoutables, mais l’Acier reste de l’Acier. Sa force, sa robustesse, sa puissance est connue, tout autant que la manière de le fondre. Ils resteraient ainsi.
Alvinia se retourna vers l’homme qui dormait à ses côtés. Il l’avait accueillie à son retour avec ce regard qu’elle commençait à connaitre. Il n’avait rien dit quand elle était descendue du Dropship, il n’en avait pas eu besoin. Elle lisait en lui, il était furieux, furieux et inquiet. Elle le rendait faible et leur histoire allait représenter un danger, elle le sentait. Mais, ni l’un ni l’autre, n’avaient eu envie de résister, peut-être en avaient-ils besoin ? Alvinia avait toujours aimé la compagnie des hommes, mais cette dernière restait généralement charnelle. Elle s’était promis de tarir à jamais la source des sentiments sur cette pelouse de l’Université d’Alioth. Mais les choses changent, le destin est malicieux et joueur, et l’Homme n’est souvent que le plus petit des pions de l’échiquier. Un jour viendrait où ils devraient clarifier les choses.
Mais il y avait bien d’autres choses à faire avant !
Elle se leva, essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas le réveiller. Elle s’approcha du bureau où traînaient les ordres de mission et directives de la Flotte. Il restait une semaine à peine avant le départ pour le grand voyage. Rares étaient les Atlantes à avoir jamais été aussi loin. Leur première destination serait Hawking’s Gap et ses mystères. Ils feraient tous les relevés possibles afin d’enrichir le Codex. Ensuite ils bifurqueraient vers le centre de la Galaxie et son immense trou noir. Cette étape serait la plus longue et elle inquiétait les hommes. Pourtant il faudrait passer. Après, ils feraient une escale rapide à Colonia puis rejoindraient enfin le Conflux pour continuer les recherches. Le timing était court, très court, mais ils s’adapteraient. Ils n’avaient pas le choix. La mission était capitale, elle comportait plusieurs objectifs dont certains restaient encore secrets.
Alvinia entra un code d’accès permettant de débloquer le contrôle de mission. Elle renseigna une nouvelle ligne de commande qui modifierait l’ordre de mission après leur départ. Cet objectif ne devait être révélé qu’une fois en route. Ce n’était pas grand-chose, une simple garantie, une éventualité, peut-être bien une Arche de vie si les eaux noires déferlaient sur la galaxie. Elle s’était peut-être trompée, dans ce cas il fallait prévoir un plan de repli, établir une base arrière et sauver ce qui pourrait l’être. Les Atlantes allaient devoir remplir une mission qui serait peut-être décisive pour l’avenir de l’humanité.
Le projet Déméter faisait maintenant officiellement partie de la mission, même si seule Alvinia savait, en cet instant, de quoi il retournait.
Elle valida la commande et se dirigea vers le lit. Il dormait toujours, rêvant peut-être d’une vie normale, d’une maison, d’un jardin et d’enfants jouant dans les hautes herbes sur une planète où coulait paisiblement le temps. Alvinia s’allongea et ferma les yeux, décidant de rejoindre ce doux rêve. Elle glissa, les ténèbres l’enveloppèrent et l’espace d’un instant, sentant la chaleur douce de cet homme irradier son flanc, se sentit presque heureuse…ou bien était-elle déjà en train de rêver….
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