Café communiquant
13 juillet 3304,
Ebor.
Le T9 était plein à craquer de café que je devais livrer à la station Morris Enterprise qui orbitait mollement non loin de la seule étoile du système Ebor.
Depuis mon accident, j’avais été contraint de ne pas prendre de risques ni tenter de folles aventures pendant quelque temps. MediCorp m’avait à l’oeil et avait même mandaté l’un de leurs nouveaux joujoux baptisés Laennec pour me suivre comme un animal de compagnie. Je n’avais pas l’impression d’aller mal, les contusions commençaient à moins me lancer et j’avais enfin pu me débarrasser du bandage régénérant qui ornait ma tête comme la couronne d’un bouffon du roi.
Du reste, je me demandais à l’instant si cette fonction n’était pas la mienne dorénavant, sous l’oeil vigilant de mon chien de garde prostré dans mes 6 heures. Il balançait des scans à intervalles réguliers pour vérifier tout un tas de paramètres vitaux. L’envie était de plus en plus grande de lui offrir une analyse d’urine version arrosage pour voir si cette dernière était conforme aux attentes du toutou médical.
M’imaginer en train d’uriner sur un robot de plusieurs milliers de crédits dans le cockpit de cet horrible T9 me fit rire.
Je n’avais jamais aimé les gros vaisseaux et, malgré ses performances et le fait que j’y logeais, même l’Orichalque me sortait par les yeux. Mais là….là….c’était le paroxysme de la détectabilité. Le T9 était grand, ça oui, mais encore moins maniable qu’une coriolis. Je le trouvais moche, lent, sans défense, horrible à piloter.
Mais il contenait en cet instant du café.
Une quantité incroyable de café.
Que je devais livrer dans le système Ebor
Parce que Alvinia avait une certitude :
Ce café allait permettre de communiquer avec les Thargoids…..
N’en déplaise à mon robot médical !
Mais il ne faisait aucun doute qu’il faudrait d’énormes quantités de café à tous ces gros cerveaux pour tenter ce que d’autres avaient balayé d’un revers de la main en promettant monts et merveilles grâce à des armes.
Quoique le café n’était pas ce qui me semblait le mieux adapté dans ce monde de fous….des têtes d’oignons auraient sans doute été plus efficaces.
Au point où nous en étions….
Je repensais à ma rencontre avec ces créatures et quitta un instant ce vaisseau affreux et la procédure d’approche pour voler aux côtés des thargoids dont notre dernière rencontre ne parvenait pas à quitter mon esprit.
Et si Alvinia avait raison ? Et si une alternative aux massacres était possible ?
Cela valait la peine d’essayer, tenter de ne pas reproduire une fois encore les erreurs du passé.
[dkpdf-button]