Sur les traces de l’INRA
07 octobre 3303,
L’Orichalque
Ce que tu sèmes tu le récolteras
Alvinia parcourrait le rapport que la jeune scientifique apportée quelques minutes plus tôt sur la passerelle. La fidèle carcasse de l’Orichalque dont la peinture usée arborait les traces des voyages, des victoires et des peines, renfermait une vie fourmillante et dévouée.
Peu à peu, la Horde s’était révélée, sortant doucement de l’Ombre pour apparaître comme porteuse d’un espoir nouveau. Dans ses choix, Alvinia tenait. Elle persistait et signait de sa sueur cette attitude jugée rétrograde et ridicule par beaucoup. Pourtant, depuis des mois, bien des choses convergeaient. Si l’on savait faire taire le fracas des armes et écouter en silence ce que susurrait le Grand Vide on pouvait percevoir, comme un souffle discret, la voix de la raison vous indiquer que derrière les grandes façades clinquantes et trop parfaites il existe toujours une porte dérobée. Emprunter cette porte vous obligeait à vous incliner, baisser la tête comme un dévot. Mais c’est ainsi qu’on doit se présenter à l’Inconnu : humble et nu.
Alvinia avait demandé à ceux qui voulaient l’écouter de ne pas faire feu, et beaucoup l’avaient écouté, ne suivant pas cette meute assoiffée de victoires et trophées à graver sur la coque de vaisseaux tueurs. L’avenir était incertain, et elle avait peut-être eu tord, mais quand sonnerait l’heure du bilan, elle pourrait garder la tête haute en repensant à ce chemin sinueux qui l’avait tiré des ténèbres où tout était simple, parce que sonnant faux. Tout change, à condition d’avoir le courage de renoncer quand l’évidence se présente à vous.
Elle était fière, et ceux qui avaient retenu leurs coups pouvaient aussi être fiers. Quant aux autres, personne ne les jugerait, mais ils porteront les stigmates à jamais.
-« Je suis certaine, Madame, il n’y a plus aucun doute »
La jeune femme qui venait de parler s’appelait Hélène Lambert, elle avait une voix douce et calme. On avait l’impression que chaque mot devait avoir pour elle avoir été soigneusement choisi et dans un but bien précis. Elle se tenait juste à côté du Régisseur de la flotte et avait presque la même taille, mais était bien plus jeune. Hélène portait la tenue du Laboratoire de recherche Thargoid qu’elle dirigeait depuis peu. Cette jeune femme parlait généralement assez peu, sauf quand il s’agissait de ces créatures qu’elle admirait et pour qui elle portait une véritable dévotion.
-« J’entends bien Mademoiselle Lambert. J’entends bien. »
Alvinia regardait le rapport de la scientifique. Il présentait l’image brouillée de deux grandes cuves à la surface d’une planète. Le ciel, relativement vide d’étoiles, indiquait que la planète était sans doute assez éloignée du centre de la Galaxie. Sur les cuves un acronyme semblait surgir du passé. Ce n’était donc pas une légende. l’INRA existait bel et bien.
Alvinia se tourna vers le Regisseur :
-« Annonce que nous montons une opération immédiatement pour trouver cette base. S’ils faut parcourir la galaxie entière, nous le ferons ».
-« Très bien Alvinia. Mais nous allons avoir du mal à savoir par où commencer ».
-« Certes, mais nous avons certains nouveaux arrivants dans la flotte qui devraient nous aider ».
-« Des espions ? »
-« Grands dieux non ! Des hommes de l’ombre oui, mais ils sont bien autre chose. Ils appartiennent à cette catégorie qu’on entend peu et à côté de laquelle on passe sans y prendre garde. Souviens-toi, le plus dangereux n’est pas toujours celui qui parle, mais celui qui glisse les mots discrètement à l’oreille ».
-« Je vois. » Le Regisseur marqua une pause. « À propos, Yumet attend toujours une réponse pour ce qui se trame à Munfayl. Il insiste ».
-« Qu’ils aillent au diable, nous n’avons plus rien à nous dire. Dis à Yumet que nos relations concernant le Consilium sont passées de neutres à inamicales. Ils n’ont pas écouté, tant pis pour eux. Cette affaire est définitivement classée, qu’on ne m’en parle plus jamais ».
Alvinia laissa le Regisseur et Lambert s’affairer pour mettre sur pied cette nouvelle opération dont il était impossible de savoir où elle mènerait. La Wing Atlantis partait à la chasse de l’INRA, mais elle trouverait sans aucun doute sur son chemin de nouvelles planètes pour Déméter, Dorian en serait ravi.
Tout se mettait en place. Tout semblait se dérouler comme il était prévu : Medicorp, nouvellement créé, ramassant des nacelles devant les Thargoids, le rapport Atlante suppliant de retenir ses coups, la Horde née de rien, mais qui allait peut-être grâce à tous ses inestimables pilotes écrire l’Histoire….Que seul le temps pourrait juger.
La Horde se mettait sans tarder à la recherche de l’INRA.
Tel était le plan.
Telle était leur destinée.
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